lundi 15 avril 2019

Saba, St Eustatius, St Kitts


Si nous avons pu profiter de vents portants et de conditions toujours confortables
pour rallier St Barth, St Martin, et les BVI,
la remontée contre le vent vers le sud,
ne devrait pas être aussi agréable, avec des vents et des courants contraires !


Deep Bay,
Vendredi 13 avril 2019,

Nous quittons les BVI depuis au NE de Virgin Gorda
en milieu d'après midi

Pomelo et Mariva sortent les premiers du lagon, par l'étroite passe d'Eustatia Sound
Nous voyons aussitôt leurs mâts basculer brutalement d'avant en arrière
Les bateaux rencontrent dès la sortie de la passe une mer courte, dure et hachée,
avec des vagues de près de 3 mètres !

Le ton est donné, la navigation de 88 miles jusque Saba ne va être facile
Nous tirons tous les trois, un premier bord de 3 miles vers le NE, pour nous dégager
et virons ensuite au 145° vers Saba qui se trouve au 131° !

Sauf miracle, il faudra tirer des bords pour atteindre le but !
La nuit tombe bientôt n'apportant aucun changement favorable
Nous naviguons en convoi,
Le vent reste assez fort, et mal orienté, avec un violent courant contraire
qui ralentit encore un peu plus notre course

Dimanche 14 avril
Le lendemain matin, alors qu'il nous reste 35 miles à parcourir,
je renonce, mettant un moteur en route, pour gagner les 30° manquants
qui nous permettrons de ne pas devoir tirer des bords et d'atteindre Saba avant la nuit.

Plus courageux, et plus patients
Pomelo en appui moteur et Mariva à la voile, tirerons d'interminables bords
sous le vent de Saba, dans une houle de plus en plus forte,
faisant tantôt route vers St Martin, tantôt vers le Vénézuela !
Devant Pomelo, Mariva en route pour St Martín...
Mauvais joueur, Eric !
Il l'ont fait, eux
Chapeau bas !

À l’aide d’un moteur, nous arrivons bien évidemment les premiers en début d'après midi
sous le vent de Saba

Jacky nous avait indiqué qu'il avait quelques bouées libres sur la face ouest de l’île
Nous les trouvons facilement.
La côte n'est pas très accueillante, avec son impressionnante falaise accore,
au pied de laquelle la mer bien formée, sous l'effet de rafales à soufflant à plus de 30 noeuds

Nous avons du temps devant nous, et apercevons 2 bateaux au mouillage plus au sud
Nous nous approchons, ce sont en fait des bateaux de plongeurs...
il y a de magnifiques fonds à explorer autour de Saba

Nous poursuivons notre exploration jusqu'à l'unique petit port de l’île, Fort Baai
Nous ferons demi-tour après une tentative de mouillage peu concluante
derrière les barques de pêcheurs, fortement ballottées par la houle !
Saba ça se mérite !

Nous revenons sur les bouées libres, et nous amarrons non sans difficulté sur l'une d'elles..
Sabine est paralysée à la seule vue de la belle houle et du vent qui souffle en rafales

Nous approchons par l'arrière de la bouée afin de faciliter la manœuvre
Raté, elle n'a pas eu le temps de passer l'amarre dans la cosse qui termine le cordage..
Le cap s'énerve et par miracle la bouée qui avait disparu sous la coque, réapparaît !

Je la frappe rapidement, nous sommes amarrés
Je met l'annexe à l'eau avec l'idée d'aller passer une plus longue amarre
avant de laisser le bateau basculer face au vent.
Nous nous rendons compte alors que le cordage de la bouée est très usé.
Nous ne pouvons pas envisager de passer une nuit tranquille dans ces conditions
retenus à cette seule amarre qui pourrait céder à tout moment !

Je décide d'abandonner cette bouée, et d'aller tenter un mouillage plus abrité,
au pied de la falaise..dans une zone répertoriée sur nos cartes.

Erreur du capitaine, qui, n'a pas pensé à relever son annexe
avant que Sabine reprenne notre amarre,
Je suis en marche arrière pour aider la manœuvre,
et je vois soudain l'annexe s'engouffrer sous le bateau par l'effet du vent...
Nous tentons en urgence de la remonter, ce qui a pour effet de la...
redresser, et de plonger le moteur dans l'eau..salée !
arghhhh !!!

L'annexe retrouve vite sa place sous les bossoirs,
et nous parviendrons ensuite à poser notre ancre sans difficulté au pied de la falaise

Je lance aussitôt une opération démontage, nettoyage, rinçage, graissage de notre pauvre moteur,
en attendant nos amis de Pomelo et Mariva qui arriverons à la tombée de la nuit
Jolies lumières, le soir de notre arrivée !
Un escalier à flanc de falaise permet de monter au village...
Pomelo et Mariva prendront dans le calme
les 2 bouées restantes un peu plus exposées, plus au nord

Une grosse nuit de récupération nous attend tous...
Dodo !

Lundi 15 avril 2019
Au programme, visite de l'île et... langoustes

Pendant que je termine de remonter et graisser le moteur
Jacky emmène Phiphi jusqu'au petit port dans l'espoir d'y trouver des langoustes

Une fois leur trésor à l'abri, 
nous repartons tous les 6 dans 2 annexes vers le port, afin de faire notre entrée, 
et visiter cette île d'apparence si austère !

A peine sortis des douanes, avec un cachet hollandais tout frais, apposé sur nos passeports
un pick-up s'arrête et propose de nous emmener "en ville"...
Sympa l'accueil,
la journée commence bien !

Une route parfaitement goudronnée nous fait grimper rapidement sur un plateau
ou nous découvrons un superbe petit village qui ne ressemble en rien à ce que nous avons pu voir jusqu'ici dans les Antilles !
Tous les habitants nous saluent en souriant, c'est vert et joli, paisible et super propre !

Welkom in Nederland !
Parcours santé pour les trois équipages !
la supérette / hôtel
Le village est fleuri !

                                                  
Nous sommes dans les Antilles hollandaises, au même titre que St Eustatius, sa voisine et Bonaire que nous découvrirons l'année prochaine, au large du Vénézuela,
Chacune de ces îles dispose d'une réelle forme d'autonomie, avec sa propre gouvernance !

Petite pause rafraîchissement sur cette bien agréable terrasse ombragée ! 
Nous faisons le tour de l'île enchanteresse avec notre sympathique chauffeur 
Nous découvrirons un second village plus important et plus touristique plus haut..
L'île, qui compte même une étonnante université internationale,
semble avoir ses amoureux qui viennent y chercher le calme et le repos !

Mont-blanc est gâté, quel décor !
Nous retournons aux bateaux enchantés de notre visite !

Avant d'engloutir notre festin, je ne résiste pas l'envie d'aller escalader les nombreuses marches de l'escalier, qui se trouve au pied de la falaise devant laquelle Mont-Blanc se repose

Séquence ascension !!
C'est à la nage que je viens mettre "palme à terre",
La mer est houleuse, et c'est plein de cailloux, impossible d'envisager une approche en annexe !
Je cache (inutilement) mes palmes, et mon masque sous les galets, et entreprend mon ascension

Il me faut tout d'abord escalader une première dalle de béton brisée en deux par les tempêtes
avant de commencer une grimpette qui me mènera 183m plus haut !
Les lumières sont superbes !

les chèvres (il faut de bons yeux pour l'apercevoir) sont nombreuses et étonnamment à l'aise dans ces pentes vertigineuses 
J'aperçois Mariva et Pomelo dans le vent et la houle...le barbecue doit être allumé, ça sent bon la langouste...j'arrive !
Je dois faire attention où poser mes pieds, il va bientôt faire nuit 
Je rentre toujours à la nage sur Mont-Blanc et après une douche bien chaude sur la jupe arrière,
nous sautons dans l'annexe pour...
ça !!!
Quand on parle des langoustes géantes de Saba... ce n'est pas une légende !
la main du cap en haut et de Sabine en bas pour évaluer la taille des bestiaux !
Celle-là...pareil, pas la peine de transmettre à L214 ! 
à table !!!
bon appétit !

Nous verrons arriver le lendemain Crystal Eszar,
un imposant ferry qui emmène de riches américains explorer les magnifiques fonds de l'île
grâce à un sous-marin bulle de verre 360° ultra-moderne !
3 assistants attendent les rotations depuis l'annexe,
afin d'aider leurs riches passagers, parfois très corpulents à monter dans ce tout petit engin
ballotés par une houle toujours présente.
délicat !



ST EUSTATIUS !
18 avril 2019, 

Nous avons fait une bien belle découverte avec Saba, 
une magnifique surprise 
que rien ne laissait présager, à la vue de ses cotes hostiles balayées par la houle et le vent 

Merci, au revoir Saba, 
Nous nous sommes régalés, et pas que dans nos assiettes !!

18 miles à parcourir pour atteindre Oranjestad capitale de sa voisine hollandaise
Bien plus facile d'accès que sa soeur, avec sa grande baie protégée
St Eustatius n'a pas la charme ni la beauté sauvage de Saba !

Nous arrivons en tirant des bords à la voile
dans une grande baie protégée du vent et de la houle

Nous ferons une halte agréable et reposante dans un mouillage glassy,
face au club de plongée tenu par des français bien sympas

Une courte balade nous permettra de faire rapidement le tour de la petite ville
Nous nous arrêtons dans un bar tenu par des.. asiatiques,
Colette est victime d'un "coup de chaleur" !
Elle reprendra rapidement des forces... ouf !

Halte dans un petit restaurant familial, pour finir de récupérer de nos émotions
à l'ombre d'une tonnelle
hum, c'était bien bon !!


Nous sommes dans la bonne direction, nous approchons du fort !
à force de voyager, on finit par maîtriser toutes les langues ...
lol !

Arrivée au fort !!!
son entrée  !
ses remparts,
Philippe est fier et heureux.. 
il a retrouvé son gros canon à bout rouge !

"Opération Survie" à St Kitts !
vendredi 19 avril,  

Nous avons profité la veille de la tranquillité du dernier mouillage 
pour remplacer les bouts de dyneema usés qui retiennent notre survie
dans son cadre !

Une mer hachée, et 20 nds de vent nous attendent pour cette courte traversée !

Après quelques miles parcourus en direction de st Kitts,
un bruit inconnu nous surprend qui semble venir de l'arrière du bateau !
On regarde derrière, en haut, en bas, 
rien... sur le coup !
Quelques secondes plus tard, Sabine pousse un cri en regardant vers l'arrière du bateau,
"On a perdu la survie" !

Effectivement, une grosse tente d'un superbe orange hollandais bien fluo s'est déployée 
derrière Mont Blanc, retenue par une sangle qui cédera aussitôt dans cette mer bien agitée !
On affale, on enroule, 
et demi tour vers notre survie qui ne bouge pas d'un mm sur l'eau

Un tour d'observation pour comprendre et essayer de décider que faire !
Mais oui, 
que faire lorsqu'une survie a eu la bonne idée de se déployer en pleine mer ?
L'abandonner est une première solution, mais, ça coûte cher un tel jouet, 
et en plus, ce ne serait pas très "responsable" de laisser cette masse de plastique 
dériver pour quelques années au gré des vents et des courants

Nous décidons de l'amarrer au bateau et de la tracter jusque St Kitts, 
distante de 5 nm.
Nous y serons à l'abri pour décider des suites à donner à cet élément de sécurité  

Un second tour au vent de l'annexe nous fait comprendre le rôle joué 
par les 2 parachutes déployés dans l'eau, tenus par de longs bouts
Manquerait plus que d'en prendre un dans nos hélices ! 

Troisième tour en venant en marche AR, sous le vent de la survie
Là, c'est la gaffe qui s'échappe des mains de Sabine

Le quatrième tour, une fois la gaffe flottante (heureusement) récupérée, 
sera le bon 
Sabine parvient à passer un bout dans la petite sangle qui fait le tour de la survie...
après avoir plongé dans la survie sans me prévenir de ses intentions !
Arghhhh !
Manquerait plus qu'un exercice d'homme à la mer" dans ces conditions peu maniables
pour finir la journée en beauté !

Notre caravane met le cap sur St Kitts, avec notre bout qui cisaille 
la faible sangle entourant les boudins
Les parachutes freinent énormément, ce qui provoquera une rupture de l'attelage 

Cinquième tour, 
Nous avons décidé de passer 2 bouts pour répartir les forces de traction
et nous avons coupé les bouts retenant les deux parachutes 
Ça tiendra par miracle jusque St Kitts

1h30 plus tard, et seulement 5 nm plus loin,...!
nous arrivons à Sandy Point, première baie sous le vent de St Kitts
La survie est en piteux état, les deux boudins se sont désolidarisés,
permettant à quelques centaines de litres d'eau de mer d'en faire une piscine !
Tous les accessoires flottent joyeusement dans la tente à demi immergée
Là, on se dit, qu'on aimerait pas passer longtemps à la place de ces objets !

Je plonge, 
nous tentons de sortir la survie de l'eau à la force des bras
puis avec des palans et la force d'un winch...trop lourd, ça va casser ! 
Nous essayons de la vider, de la retourner autant qu'il se peut...
Il restera toujours des grosses poches remplies d'eau rendant impossible la sortie de l'eau
Trop lourd !

Nous décidons finalement de sacrifier ce qui l'était déjà depuis un bon moment,
en perçant les boudins, à l'aide d'un couteau
Les dernières poches d'eau se vident enfin, 
nous permettant de sortir le lourd fardeau de l'eau 

Notre survie est enfin sur le trampoline...
en miettes, mais à bord !
Nous mettons de coté ce qui pourrait encore servir (rien ou presque)
et séparons les éléments lourds (bouteilles d'air, rations d'eau...) avant de la plier 
et de reprendre notre route pour rejoindre Mariva et Pomelo 
qui doivent déjà être arrivés à Salt Point, sur la pointe S de l’île. 

Le vent aidant, nous les rejoignons à la voile.
Alors que la nuit vient juste de tomber  Phiphi nous guide pour l'approche finale 
avec sa super lampe Fenix, qui sert aussi de matraque
tant elle est lourde !
Merci Phiphi 

Les amis nous invitent à bord pour nous restaurer et nous détendre
après une journée riche en expériences et en émotions ! 
Pas de blessé, ni d'homme à la mer,
mais nous avons quand même perdu notre survie dans l'affaire..

La raison de la perte de la survie, je la comprendrai le lendemain
J'ai remplacé les bouts usés qui la maintenaient dans son logement par des bouts
1 ou 2 cm plus longs.
Le container de la survie se trouvait ainsi 1 ou 2 cm plus bas,
exerçant une tension permanente sur manille ouvrante 
qui permet de le libérer de son logement en cas de nécessité !

Le choc d'une vague un peu plus forte que les autres aura exercé une tension 
un peu plus forte, libérant la survie de son logement !
Plouf !
  
Samedi 20 avril, fête à Salt Point
Le mouillage où nous récupérons de nos émotions de la veille
se trouve en face d'une jolie bâtisse en bois, ayant vocation à faire la fête, le week-end
Nous posons notre ancre au ponton et y passons un bon moment 
dans un cadre sympa, branché avec de la bonne musique  

Pour l'instant c'est calme...

On devine en enfilade sur la droite, Pomelo, Mariva et Mont-Blanc
puis, ça s'animera



MONTSERRAT,
Dimanche 21 avril, 

Nous passons entre St Kitts et Nevis au moteur avant d'établir nos voiles et de prendre la route
de Montserrat distante de 31 miles !
Cap au 142°
Nous resterons au près durant la journée au cours de laquelle
nous essayerons de passer au vent de Redonda, pour éviter de tirer un bord supplémentaire
La mer est hachée et le vent forcit
Alors que nous passons au vent de Redonda, j'entends un bruit sec suspect,
qui vient de l'avant cette fois
Je regarde une première fois vers l’avant et ne remarque rien.
Le génois s’est détendu en même temps que le bruit, mais je ne vois rien d'anormal
C’est en entrant dans le carré que quelque chose dérange mon regard.

L'enrouleur est cassé, complètement désarticulé...
Tout de suite, une question se pose...
Pourrons nous encore enrouler le génois ??
Notre enrouleur acceptera difficilement de faire une dernière fois son travail,
à notre grand soulagement !

Mauvaise semaine, me dis-je !
Au même moment, Mariva cassera un de ses bossoirs,
et Pomelo une écoute !
Journée difficile pour toute la tribu !
La loi de la mer est toujours la plus forte !

Nous arrivons en convoi, au ralenti à Montserrat pour soigner nos blessures
Jacky n'a qu'une écoute à changer,
nous devrons nous passer de notre génois demain pour rallier Deshaies
et nous aidons Phiphi à déposer le gros moteur de 15 CV de son annexe,
et à étayer les bossoirs pour soulager les efforts en vue de la nav de demain

DESHAIES, dernière ligne droite !
Lundi 22  avril, 

Les éclopés reprennent la route de 35 miles qui doit nous mener
dans le fief de Jacky, à Deshaies
Le vent est faible et nous sommes au près super serré,
alors que nous finissons de faire le tour de Montserrrat au moteur...
Sans génois, ça va être long !

Après une bonne heure en appui moteur, et un petit bout de gennaker,

le vent semble vouloir nous être favorable, commençant à tourner au nord !
Yes !
Nous attendons un peu pour pour nous assurer qu'Éole ne nous fait une mauvaise farce,
et le vent continue de tourner encore un peu plus au nord

On déploie avec joie, les 80 m2 du gennaker, ce qui va nous permettre de faire un bon en avant
Nous rattrapons très vite Mariva à la voile, puis Pomelo en appui moteur
avec une mer de plus en plus lisse, nous permettant de naviguer à plus de 8 nds
Jamais utilisé le gennak aussi proche de sa limite (60°).. ça marche fort !
Le vent forcira à l'approche de Deshaies, nous faisant faire des pointes au dessus de 10 nds;
à 60° du vent avec notre gennaker !
Parfait, mais, il n'en fallait pas plus pour cette voile aux limites de ses capacités.

Notre périple vers le nord prend fin
Nous sommes tous en bonne santé,
Nous avons passé 3 superbes mois à naviguer ensemble,
partageant de merveilleux moments, et emplissant nos têtes de magnifiques souvenirs

Jacky est rentré à temps pour son concours hippique
Nous allons consacrer les prochaines semaines à remettre nos bateaux en état
pour..
la suite !












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