mardi 6 mars 2018

Cap Vert, dernière étape africaine..

La navigation entre le Sine Saloum et Praia, notre prochaine destination Cap-verdienne,
et dernière étape africaine, se révélera aussi rude que rapide.

Le début de la navigation fut pourtant calme et même surprenant
avec une brise légère d'ouest nous obligeant à tirer un premier bord plein nord

Après 3 heures de navigation en direction de Dakar
nous pouvons enfin virer de bord et prendre le bon cap, celui de Praia

Nous faisons une étonnante rencontre, alors que la nuit approche et,
que les terres sont invisibles depuis un bon moment..

Un pêcheur seul sur sa barque, hors des réseaux téléphoniques,
avec juste une petite VHF qui doit porter
tout au plus à 2 ou 3 miles !
Il nous salue,
Le moindre souci de moteur, de voie d'eau...signifierait pour ce malheureux une interminable dérive,
dépourvu d'eau et de nourriture vers le Brésil distant de 1550 nm (ou 2 870 km !)
Tout simplement inimaginable pour nous, occidentaux ! 

Un vent soutenu et une mer très dure ne tarderont pas à nous accompagner
tout au long des 418 nm nous séparant de Praia, principale ville de l’île de Santiago,
où se trouve l'aéroport international Nelson Mandela !

Les estomacs de Sabine et d 'Hélène céderont rapidement aux interminables assauts
de la marmite faisant office d'océan
Hélène doit prendre un avion le 8 mars, à Praia, destination Paris...

C'est blottie dans son lit, en position du foetus, qu'elle passera stoïque, toute la traversée.
Nous n'avons pas trop le choix, il nous faut avancer.

Petite consolation, nous ferons en 50 h un parcours prévu en 60
ce qui nous épargnera une nuit de navigation supplémentaire,
nous faisant gagner une journée au calme avec Hélène à Praia

Nous arrivons mardi, en fin d'après midi à destination,
surfant au portant sur une mer dont la taille des vagues devenait inquiétante,
balayés par des vents approchant les 40 nds renforcés par l’effet Venturi produit
par la proximité des  reliefs des îles de Maio et de Santiago

Nous entrons dans une baie de Praia totalement...déserte !
Pas un bateau, rien qui bouge...ou presque,
À peine l'ancre posée, nous apercevons 2 policiers qui font de grands signes,
sur ce qu'il reste d'une antique digue en bois

Je descends l'annexe, prend les papiers du bateau, les passeports
pose le moteur sur l'annexe et vais à leur rencontre
Je fais la déclaration d'entrée au Cap Vert,
et les policiers m'invitent aussitôt, très chaleureusement, à rejoindre sans attendre
le port de pêche situé de l'autre coté de la baie,
beaucoup moins risqué selon eux,.. les vols et agressions au mouillage
seraient fréquents, dans cette cité réputée pour son insécurité

Je vais aussitôt repérer avec l'annexe le bateau de pêche auquel nous devrons
nous mette à couple, et je rejoins Mont Blanc pour demander à l’équipage
pas encore remis de ses émotions de relever l'ancre !

Nous venons nous amarrer à un chalutier qui n’a pas du voir la mer depuis des années !


L'accostage se passe sans difficultés, un pêcheur déjà endormi nous renvoyant les amarres

Nous n'avons qu'une envie...dormir, nous aussi !

Soudain le doute me gagne
Mais quel est le nom exact de l'aéroport de Praia ?
Il y en a plusieurs selon les documents et cartes que je peux consulter,
J'en arrive à me demander si c'est bien de l'île de Praia, que doit partir le vol d'Hélène !?
Un accès internet me confortera dans l'idée que...rien n'est vraiment clair

RAI, Nelson Mandela, Aéroport Francisco Mendès...
selon les pages ou les cartes, consultées, selon le billet d'Hélène ???
En fait, tous sont les bons !
Mendès est l'ancienne partie désaffectée de l'aéroport Mandela, appelé également
Aéroport intl de Praia
Ouf ! je peux aller dormir tranquille !



Hélène et Sabine ont dormi comme des loirs...
elles en avaient bien besoin,
C'est l'heure pour elles, de remettre pied à terre, d'aller flâner et de se recaler l'estomac
avec de succulents plats locaux arrosés de jus de fruits de tamarin ou bissap (l'Afrique n'est pas loin)
dans le charmant marché de Praia, sur le "Plato", partie haute de Praia avec ses jolies bâtisses,
dans lesquelles vivaient les colons portugais.

Le marché de Praia
Ça va déjà beaucoup mieux, pas vrai ?
Nous passons l'après midi à flâner dans l'agréable ville haute, mais basse aussi, où nous trouverons
un grand marché, après avoir dévalé les quelques centaines de marches
qui le sépare du Plato

Hélène voit grand en prévision de l'agrandissement de la famille !

on trouve de tout ici, fuis légumes, bazar, et même de la couture sur mesure
La monnaie locale fait honneur à la merveilleuse ambassadrice
du Cap Vert que fut Cesaria

Sabine, elle, a déjà son antenne dans les rues de Praia, elle ne mourra pas de faim !


Les cousins ardennais semblent aussi être passés par là !

L’aventure continue..
Nous sommes au coeur du port de pêche, et,
pour nous rendre à terre, il nous faut enjamber deux chalutiers fantômes, avant de longer un quai occupé par quelques pêcheurs venus d’ailleurs, puis, passer, tout le corps nos sacs...dans le vide,
au dessus de l’eau, en nous agrippant autant que possible aux parois parfaitement lisses d'un mur
qui nous sépare de la criée

Nous découvrons alors le brouhaha de cette impressionnante fourmilière dans laquelle se mêlent
pêcheurs, camions, jets d’eau, poissons portés dans d'immenses bassines sur la tête des femmes, venues négocier ce qu’elles revendront aussitôt sur le marché.
On aperçoit un camion pendu par 4 sangles, en train d'être chargé sur un vieux cargo
                                                          Les bateaux de pêche fument... quelque peu !

Quintino, la merveilleuse rencontre !
Dès notre arrivée au port de pêche
les bras et le sourire de Quintino nous ont accueillis.
Quintino est mécanicien, il a perdu sa maman, guinéenne, le jour de sa naissance,
et vit depuis avec son papa, Quinto, un cap-verdien, sur leur bateau, Maeva,
le second des trois chalutiers auxquels nous sommes amarrés


Ils ont fui le Liberia en guerre,
et vivent depuis plusieurs années, sur ce rafiot sans eau, sans électricité, ni toilettes..
Maeva est le seul bien qui leurs reste, mais qui ne leur permet pas de vivre, car il devrait pour cela, être équipé de matériels adaptés à la pêche cap-verdienne.

La sœur de Quinto, vient de mourir.
Elle vivait à Santo Antão, l'ile la plus à l'ouest de l'archipel, mais seul Quinto pourra se rendre à l'enterrement de sa sœur,
Ils ne laissent jamais Maeva une seule seconde, sans leur présence...
Praia n'est pas une ville sûre, nous répèteront-ils, également !

Durant notre court séjour, Quintino protégera Mont-Blanc, nous aidera pour les démarches d'entrée,
nous guidera dans notre découverte de Praia, se proposera de m'aider pour régler un problème de fuite de gasoil dans la cale, et négociera la livraison de gasoil pour le bateau, nous aidant à glisser Mont-Blanc entre les petits chalutiers qui s'entassent dans ce petit port...
toujours avec la même gentillesse, et le même sourire
fantastique Quintino !

Incroyable concours de circonstances,
Quintino, nous permettra également de retrouver trace de Taoumé et des "Michel",
avec lesquels nous avons partagé notre première expérience de navigation
Il y a ...13 ans !
Taoumé était exactement à notre place, il y a deux semaines à peine !
C'est grâce à Quintino, que nous pourrons les retrouver à Mindelo

8 mars 2018,
Après avoir accompagné Hélène à l'aéroport Nelson Mandela,
c'est avec tristesse que nous quittons finalement Praia et Quintino,
pour rejoindre Tarrafal, au nord ouest de la même île de Santiago !
Au revoir, Quintino !

Début de navigation parfait, dans un cadre très désertique
avec une mer lisse, un grand ciel bleu,
et une jolie brise qui, tout naturellement, tombera rapidement
au fur et à mesure que nous remonterons sous le vent de Santiago !
La mer, c'est pas toujours aussi dure, qu'on voudrait bien le dire !
Les paysages lunaires du Cap Vert
Les derniers miles se feront au moteur, avec un vent désormais de face, de plus en plus fort.
Nous affalons la GV alors que s'approchent les brisants et d'imposantes déferlantes
marquant l'entrée de la baie de Tarrafal
On aperçoit sur bâbord, Fogo, peu accueillante par la mer, alors que nous approchons de Tarrafal
Quelques rares voiliers mouillent dans la baie,
les barques de pêche occupant les places plus proches de la petite digue protégeant la plage.
Nous venons à peine de poser notre ancre par 10m de fond,
que Mont-Blanc entreprend de belles et longues successions d'ascensions et de descentes....

La houle d'Est entre parfaitement dans la baie orientée à l'ouest,
C'est impressionnant ! Nous sommes juste au dessus de la limite des hauts fonds,
sur lesquels viennent déferler des vagues de plus plus hautes !
Pas le bon endroit...il faut bouger !

C'est après trois autres tentatives, que nous accrocheront finalement la pioche à un endroit plus sûr,
Une belle houle nous bercera durant tout notre séjour
dans la charmante Tarrafal
Superbe bambin qui nous observait avec attention pendant notre repas
Hum.. on s'est régalé. Les gros paniers en osier, sur ma droite, sont bourrés de...préservatifs !
Pas osé demandé s'il s'agissait d'une tradition locale !!


















Peu de photos retrouvées de la jolie baie, et de l'agréable village
Sabine appréciera la fraicheur de l'eau en se retrouvant sous l'annexe 
après une sortie hasardeuse, au moment où une jolie vaguelette déferlera à quelques mètres 
de la plage de sable
Heureusement pas de bobos... juste Sabine énervée  !

Je réponds à l'appel de notre voisin allemand, en arrêt à Tarrafal depuis plus.. d'un an !
Ils recherchent des écoutes, des drisses, des voiles... 
enfin tout ce qu'il faut pour ré-armer un autre bateau qu'ils doivent récupérer 
et emmener vers ? Ils ne savent pas très bien, le projet n'était pas bien clair !
Ils ont deux enfants à bord, dont un garçon qui parle déjà 4 langues, 
apprises sur le tas du haut de ses 10 ans ! 
sacré débrouillard 

Nous découvrirons dans un autre restaurant du village 
la voix d'une merveilleuse chanteuse cap-verdienne, 
Elida Almeida.. !
deux petits liens pour vous mettre en appétit !
tout simplement superbe !

https://www.youtube.com/watch?v=Qm-fKH7mMfM
https://www.youtube.com/watch?v=XLbLhPd4uog


14 mars 2018
Nous quittons Tarrafal et ses impressionnantes vagues (il parait que ce n'est pas toujours ainsi)
au tout petit matin. 
120 miles nous séparent de Mindelo, où je compte arriver avant le soir. 

Programme ambitieux, qui va vite être contrarié par des vents faibles durant les 2/3 du parcours, avant qu'ils deviennent vraiment violents et de face, à l'approche de Mindelo et de son réputé canal

Approche de Mindelo, le vent ne fera que forcir.. Il fait pas vraiment chaud !
La fin de cette longue et dure journée ne sera pas facile.
Un moteur tribord ne veut plus prendre de tours, alors que nous approchons du dernier virage avant le canal séparant San Vincente de Sâo Antao. 

Sabine stresse, voyant à juste raison s'approcher dangereusement sur la carte électronique, 
mais aussi dans la pénombre (il fait nuit noire) la silhouette d'une falaise sur laquelle devraient apparaître les feux d'un phare..en panne !

Nous avons plus de 40 nds de vent de face, et
je ne veux changer ma route jusqu'au tout dernier moment, craignant de ne pas pouvoir remettre le bateau dans l'axe (ce qui s'est produit 1/2 heure avant, nous obligeant à effectuer 2 tours complets, avant de parvenir difficilement à reprendre notre cap)

C'est sous les cris insistants de Sabine, qui s'attendait à nous voir couler d'une seconde à l'autre que je cèderai.
Il restait 135 m avant de toucher la falaise. Il était temps !

La solution aurait été de prendre un second ris et de dérouler un peu de génois, pour finir à la voile, mais la fatigue et la tension à bord ne se prêtaient pas aux manoeuvres de nuit...
pas bien !
La trace du bateau, avec les ronds dans l'eau, et le virage à 135m de la Ponta Machado et son phare éteint 
Nous entrons dans le canal en longeant la cote de Sâo Vicente, et parvenons sans trop tirer sur le seul moteur bâbord à entrer dans la baie de Mindelo parsemée d'épaves dont je sais qu'elles ne sont pas toutes répertoriées. 
Nous jetons l'ancre au cul des autres bateaux afin de ne pas prendre de risques inutiles
Demain, il fera jour,
Nous avons mérité d'aller nous coucher !!!

Mindelo, étape mythique s'il en est, pour les bateaux s'apprêtant à réaliser une transat
On y trouve une marina sûre, gérée par des allemands, aux tarifs prohibitifs,
Les pontons et les bateaux y sont hélas agités en permanence par un clapot bien désagréable
provoqué par des vents catabatiques qui dévalent des collines toutes proches.

Peu, ou plutôt, très peu de services aux bateaux sont proposés, 
Nous trouverons miraculeusement la seule latte qui devait rester à Mindelo, 
bien cachée dans le faux plafond de la micro boutique de la marina !

La baie est grande, les fonds accrocheurs, et le clapot moins gênant que dans la marina 
Mindelo offre cette particularité d'être le dernier mouillage avant le grand saut vers
les Antilles ou du Brésil.

On peut enfin y trouver de quoi remplir les réservoirs et les frigos, 
à condition de ne pas avoir le palais trop fin et trop gourmand 

Une dernière particularité de Mindelo, est le vent violent, 
qui s'accélère en s'engouffrant dans le canal séparant les deux îles proches 8 nm 
Il souffle le jour, la nuit, du lundi au dimanche, sans faiblir,

météo des 9 prochains jours !
Météo à 9 jours...
Mindelo n'est pas très grande
Nous aurons vite fait le tour de la ville, et des ses possibilités
Il y a un marché central assez joli, mais bien cher (l'île est désertique, tout y est importé)
Ajouter une légende
Nous déjeunerons plusieurs fois sur la place du marché
où des locaux nous proposent de très bons plats chauds pour quelques euros.

On y trouve quelques bars sympas dont celui du consulat français
ou, un autre qui concocte de bons mojitos géants

Jolies lumières sur le mouillage
Camion cubain, (ou qui pourrait l'être tant il est désuet et charmant), qui ravitaille la laverie de la ville
L'eau est rare et chère dans les îles, à l'exception de Santo Antao, dont les reliefs sont arrosés abondamment
laissant la portion congrue aux autres îles désertiques de l'archipel
Les épaves sont nombreuses dans la baie, Sâo Vicente semblant n'avoir pas les moyens de débarrasser ces amas de tôles qui polluent et mettent en danger les navigateurs 
Nous retrouverons à Mindelo nos amis de Taoumé, les Michel
avec lesquels nous irons explorer Santo Antao (voir chapitre suivant du blog)

Leur arrivée s'est faite à la voile, avec un moteur défaillant rendant l'approche au ponton délicate
Un peu d'appui avec notre annexe et quelques bras pour reprendre les amarres,
et Taoumé était en sécurité, prêt à être réparé.

Llidio, le mécanicien que nous avons trouvé sur place
re-taraudera nos injecteurs du moteur tribord qui ne tournait plus rond.
Le traitement se révélera utile et efficace !

A peine revenus de Santo Antao, (voir notre article suivant)
Romain et Noé, nos futurs équipiers, nous rejoignent à bord !

ils contribueront à la préparation du bateau en réalisant un bien nécessaire nettoyage
des coques, couvertes d'algues, malgré ce satané vent qui n'a cesse de souffler !
Merci les gars !!
L'anti fouling n'aura pas duré plus de 6 mois !!!
Je soupçonne un défaut de préparation de la surface, de notre part
Nous n'avons pas assez gratté les anciennes couches de gel coat, sur lesquelles
Catana n'aurait jamais dû poser un nouvel anti-fouling,
voué à partir en plaques avec les vielles couches.

Nous terminerons notre passage au Cap Vert par l'incontournable avitaillement.

En l'absence de dessalinisateur (nous n'avons pas trouvé les compétences
sur Mindelo pour tenter de le remettre en route)
Nous devrons assurer à boire et à manger aux 4 occupants du navire
pour une bonne dizaine de jours... plus par souci de sécurité !


PROCHAINE ÉTAPE,  BRASIL
JUSTE DE L'AUTRE COTE DE
 L'ATLANTIQUE...





















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